Des mesures financières contre les retraités ?

Newletter #1 - Article publié en mai 2024

Des mesures financières contre les retraités ?

Le débat public est lancé : pour préparer le budget de l’État, des collectivités, des organismes sociaux de l’année 2026, quelles dépenses prévoir, quelles recettes anticiper ? Peut-on mieux gérer toutes ces dépenses ? et comment, ce faisant, dessinera-t-on le système de protection sociale de demain ?

Un constat est partagé :
D’une part, les finances publiques et sociales sont dans une situation périlleuse : il y a péril, il faut trouver 40 milliards ! Et plutôt que rechercher des responsabilités, (à qui la faute ? qui doit payer ?) l’heure est maintenant de rechercher, non pas qui devrait mais, qui pourrait le plus justement fournir un effort. Comment répartir cet effort, nécessaire ?

D’autre part, il faudra faire mieux avec les ressources existantes, ce que l’on appelle améliorer l’efficience de la dépense ; qu’il s’agisse de la chasse au gaspi, ou de définir de nouveaux critères de justice sociale que l’on pourrait appliquer, ou appliquer différemment comme tenir compte des revenus dans la mise en œuvre des droits à l’assurance maladie universelle.

Constatons qu’à l’heure où il faudrait se serrer les coudes, inventer le système universel de demain, toujours garantir l’égalité devant l’impôt et les droits démocratiques, la « collectivité nationale » éclate et l’on multiplie les cases et les particularismes entre les retraités, les jeunes, les vieux, les assurés sociaux et les contribuables, les entreprises (petites et grandes voire très grandes) ou les travailleurs etc.

Il y a aussi des débats : comment les retraités se placent-ils dans les dépenses et les recettes des organismes sociaux, surtout pour ceux dont les retraites constituent les seules ressources ?

Considérons qu’un point sera acquis : dans la comparaison sur les niveaux de vie, on ne devrait plus entendre dire naïvement que les retraités sont riches et même plus riches que les actifs : rappelons qu’il convient de prendre en compte les patrimoines (aussi mal répartis entre les retraités qu’entre les actifs), avoir une vue dynamique des ressources (depuis 2017, le niveau de vie des retraités baisse / celui des actifs) et surtout distinguer les générations de retraités : les plus âgés ont vu leurs retraites se dévaloriser au fil des ans, tandis que les jeunes retraités auraient effectivement encore un avantage comparatif.

On débat donc sur les choix effectués au fil des ans comme le 10 % d’abattement fiscal des retraités ou des niches fiscales (que l’on a vite tendance à considérer comme des droits acquis et intouchables). Chacun s’arcboute, parfois au détriment de son plus proche voisin : est-ce que dans la discussion sur les 10 % on ne va pas tout simplement jeter au panier l’enjeu de l’indexation des retraites, et ce faisant, défendre les retraités les plus aisés (pour lesquels l’impact du 10 % est le plus fort) au détriment de ceux qui auraient le plus besoin de l’indexation sur le niveau de vie ? Car on le voit bien, impôts, salaires, retraites, dépenses de santé et allocations familiales : tout est lié et sans échappatoire : nous devrons tous contribuer. Espérons que ce sera avec transparence et dans le respect de nos valeurs, en préparant des choix d’avenir.

Christine Meyer