Dénutrition chez les personnes âgées, à l’hôpital en EHPAD et à domicile.

Article publié en octobre 2025

Aujourd’hui l’hôpital est le lieu de l’admission de patients qui en plus de leur pathologie sont parfois victimes de dénutrition. En particulier de nombreuses personnes âgées, arrivant aux urgences, sont dans cette situation compliquant la prise en charge et la faculté de récupération après hospitalisation.

Au CHPM de Morlaix, selon une étude menée par les nutritionnistes de l’équipe d’intervention, on évalue sur 9 secteurs de l’hôpital (y compris les urgences) à 33% le taux de dénutrition mesuré sur les patients hospitalisés, mais les personnes de plus de 70 ans représentent 75% du total.

Aussi, au niveau national, selon le président de la FEDESAP[1] , « les personnes âgées sont les plus sujettes à cette maladie silencieuse, très insuffisamment dépistée par les professionnels de santé. » Ainsi, sur les 2 millions de Français souffrant de dénutrition, 400 000 sont des personnes âgées qui vivent à leur domicile et 270 000 sont hébergées en EHPAD.

En pratique, 3 cas sont à distinguer en ce qui concerne les différentes situations de dénutrition qui apparaissent, avec des solutions de prise en charge assez différentes :
1- Personnes isolées à domicile
2- Personnes victimes d’une pathologie grave impliquant des situations alimentaires difficiles
3- Personnes vivant en EHPAD et/ou victimes de troubles cognitifs

Dans le territoire, les CCAS des communes sont attentifs, en principe, aux personnes âgées susceptibles d’être touchées par cette maladie, qui est accentuée par l’isolement et les pathologies neurocomportementales ainsi que les maladies graves (cancers, Alzheimer, …).

La question est très sensible pour des aînés souvent aussi frappés par la solitude et ses conséquences au domicile, et cela malgré la vigilance des élus.

[1]  FEDESAP : fédération de services à la personne

Du côté de l’hôpital, la situation apparaît relativement appréhendée et également prise en charge : dépistage et traitement. C’est sans doute après le retour à domicile que les questions redeviennent à nouveau critiques, en replongeant les patients dans leurs habitudes antérieures.

Comment fait-on le diagnostic de la situation de dénutrition en établissements hospitaliers :

Celui-ci a évolué récemment par des préconisations ARS publiées en novembre 2021 pour les personnes âgées. Cette évolution a permis le développement du diagnostic. Les nouvelles préconisations ont conduit en particulier à faire rentrer dans le diagnostic la mesure de la force musculaire.

Ceci a conduit, au CHPM, à accroître significativement le nombre de diagnostics positifs de dénutrition (+33% de dépistages). Cela explique en partie l’augmentation du nombre de diagnostics effectués.

Les CLAN (Comités de liaison en Alimentation-Nutrition) sont aussi attentifs à ce problème et analysent les situations de dénutrition au sein des établissements et élaborent des préconisations d’interventions.

Deux questions semblent critiques pour les professionnels nutritionnistes interrogés :

- La question des mesures de la dénutrition : des données sont souvent manquantes dans le dossier du patient, interdisant de faire un diagnostic complet de la situation. En particulier, la mesure de l’évolution du poids

- La question du retour à domicile quand cela est possible dans le cadre de leur parcours de soins est aussi préoccupante, car sortis de l’hôpital, ces patients sont à nouveau soumis aux mêmes déterminants qui conduisent à la situation de dénutrition.

Enfin, du côté des EHPAD, où les moyens humains font parfois défaut, les difficultés de diagnostic et de traitement sont considérables. Il n’y a pas toujours de nutritionniste, les médecins traitants ne posent pas toujours le diagnostic et le médecin coordonnateur ne s’empare pas lui non plus toujours du problème.

Au final, les proches et les aidants sont en première ligne. Ils sont sans doute ceux qui peuvent le mieux intervenir sur la remédiation de cette situation, mais c’est là un rôle qui constitue une charge mentale supplémentaire.

En conclusion, la solution appartient à tous les acteurs intervenant auprès des personnes âgées. Et les actions permettant de lutter efficacement contre cette situation très préoccupante seront le fruit de la coopération le long du chemin de prise en charge.

Pour aller plus loin, des moments d’actions privilégiés :

La Semaine bleue : du 6 au 12 octobre 2025 — https://semaine-bleue.org

La Semaine nationale de la dénutrition : du 17 au 23 novembre 2025 — https://www.luttecontreladenutrition.fr/