La fin des déserts médicaux est-elle proche ?

Article publié en octobre 2025

C’est un débat récurrent que celui qui porte sur les déserts médicaux. Depuis plusieurs années en effet, notre pays porte un regard critique sur la situation médicale et sur la démographie. Quelques chiffres permettent de dresser le tableau de la situation. Des mesures sont proposées. État des lieux et propositions ?

D’après la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS), la France, en 2025, compte 237 000 médecins, ayant un âge moyen de 49,9 ans, se répartissant en 100 019 médecins généralistes et 137 195 médecins spécialistes. La part des médecins n’exerçant qu’en tant que professionnels libéraux exclusifs étant de 42 %. En termes de comparaison internationale, la France, si l’on en juge par le graphique Statista joint, occupe une position intermédiaire (3,4 médecins pour 1 000 habitants) entre des pays ayant une densité plus forte et des pays ayant une densité moins forte.

Au-delà des données statistiques, l’une des principales caractéristiques est la répartition inégale des médecins sur le territoire. De nombreuses études ont montré cette situation.

D’après l’Atlas de la démographie médicale 2025 établi par le Conseil National de l’Ordre des Médecins, les régions les plus densément peuplées comptent les proportions d’actifs les plus importantes, à l’instar de l’Île-de-France (20,2 %) ou de l’Auvergne-Rhône-Alpes (12,2 %). Au sein de chacune des régions, le même constat s’opère : les départements les plus peuplés regroupent les proportions d’actifs les plus importantes.

Pour l’association Que Choisir, la situation n’a cessé de se dégrader. Les résultats de l’étude 2025 sont sans appel : la fracture territoriale s’est élargie. Les 10 départements les moins dotés en 2014 comptaient en moyenne 18,6 médecins pour 10 000 habitants ; ce chiffre tombe à 16 en 2023. À titre d’exemple, en 2023, la densité médicale dans l’Eure et l’Ain est respectivement de 15,7 et 15,9 médecins pour 10 000 habitants, contre 42,9 dans le Rhône, 45,7 dans les Hautes-Alpes et 76,8 à Paris.

Face à cette situation, les pouvoirs publics ne sont pas restés inactifs. De nombreuses mesures ont été prises, avec en particulier la création des maisons de santé pluriprofessionnelles qui dépassent aujourd’hui les 2 500, ainsi que la mesure emblématique de l’abandon du numerus clausus (instauré au début des années 1970), remplacé par le numerus apertus, lui-même abandonné par une loi de juin 2025.

De leur côté, les collectivités territoriales ne sont pas restées en reste. Les initiatives ont été nombreuses pour attirer des médecins. De même, la question de l’installation a été récemment et largement débattue. Il est un fait que notre système de santé est tiraillé entre, d’une part, la liberté d’installation et de prescription et, d’autre part, un financement de la dépense de santé largement supporté par la solidarité nationale et l’assurance maladie.

Plus récemment, dans le cadre du pacte de lutte contre les déserts médicaux, le ministère chargé de la santé et de l’accès aux soins a publié, en juin 2025, la cartographie des 151 zones prioritaires où l’offre de soins est jugée insuffisante. Elles doivent accueillir, dès septembre 2025, des médecins volontaires dans le cadre de la mission de solidarité territoriale.

Ces zones rouges doivent disposer progressivement de cabinets dits « solidaires », qui fonctionneront sur un système de rotation entre médecins. Il est également question, d’après les dernières déclarations gouvernementales, de déployer d’ici 2027 un réseau de maisons « France Santé » afin que chaque Français puisse disposer d’une offre de soins à 30 minutes de son domicile.

Comme chacun le sait, la santé est un bien précieux. L’accès aux soins dans de bonnes conditions, en particulier de proximité géographique, est un enjeu de santé publique de tout premier plan. Souhaitons que le faisceau de mesures évoqué apporte des solutions durables et adaptées, permettant à chacun de trouver rapidement la réponse à ses propres besoins de santé.

Sources :
Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS)
Atlas de la démographie médicale 2025 – Conseil National de l’Ordre des Médecins